Pourquoi j’ai donné mon nom à cette association


Cette association a été fondée à deux, avec ma mère, pour donner un cadre à mes projets.
Mais ce texte est écrit à la première personne, parce qu’il raconte un choix intime, personnel : celui du nom.
Elle m’a soutenue pleinement dans cette décision, sans chercher à en changer une virgule.
Et c’est aussi grâce à ce soutien discret que j’ai pu assumer de le faire ainsi.
Il y a quelque temps, quelqu’un m’a dit :
“C’est étrange… Une association qui porte le nom de la personne qui l’a fondée. En général, c’est un hommage. On ne se l’attribue pas à soi-même.”
Et cette remarque a planté une graine de doute en moi.
Silencieuse… mais persistante.
Pendant plusieurs jours, elle m’a suivie.
Comme une petite voix à l’intérieur, qui chuchotait :
“Est-ce que j’ai fait quelque chose qu’on ne fait pas ? Est-ce que j’ai dépassé une limite invisible ? Est-ce que… je me suis trop montrée ?”
Peut-être que je suis sortie du cadre. Ou peut-être que j’ai juste suivi un fil intérieur.
Quand j’ai créé cette association, ce n’était pas pour porter un grand projet collectif.
C’était pour donner un abri simple et sincère à ce que je vis.
Un lieu où mes expéditions, mes récits, mes créations puissent s’enraciner.
Un espace léger, mais réel. Quelque chose qui dise : “ceci est vivant”.
J’ai cherché d’autres noms.
Des noms plus symboliques, plus inspirés, peut-être plus universels.
Mais rien ne sonnait juste.
Et je crois que, quelque part, un autre nom aurait été une promesse que je n’étais pas certaine de pouvoir tenir.
Un mot trop vaste, trop pur, trop chargé de sens…
aurait peut-être masqué mes hésitations, ou porté une attente que je n’aurais pas su habiter.
Alors j’ai choisi le seul nom qui ne prétend rien,
le seul que je n’ai pas besoin d’expliquer.
Celui que je porte depuis toujours,
et qui me suit, quoi que je vive.
Ce n’est pas une revendication. Ce n’est pas une statue.
Ce n’est pas un hommage.
Ce n’est pas une marque.
C’est un miroir un peu flou, posé là pour refléter ce que je crée, ce que je vis, ce que je tente de transmettre.
Et peut-être que ce n’est pas parfait. Peut-être que c’est maladroit.
Mais au moment où je l’ai écrit, c’était ce qui me semblait le plus vrai.
Je ne cherche pas à m’exposer.
Je cherche à être fidèle à mon mouvement.
À assumer doucement que ce que je propose passe par moi,
et qu’il est donc naturel que la structure qui le porte porte aussi mon nom.
Pas pour briller.
Mais pour ne plus me diviser.
Un pas de côté pour nommer juste
Je ne suis pas sûre d’être dans les clous.
Je ne suis pas certaine de faire comme “il faudrait”.
Mais j’avance avec cette idée floue que j’ai peut-être le droit d’inventer ma propre forme,
même si elle est bancale, même si elle étonne, même si elle ne ressemble à rien d’autre.
Et je crois que cette association, ce site, ces récits…
ne sont que les premiers balbutiements d’une manière plus vaste d’habiter le monde.
Une manière qui passe par la lenteur, par l’épure, par une voix douce — mais assumée.
Alors oui.
J’ai donné mon nom à cette association.
Parce qu’un autre aurait pu sonner plus noble, plus inspiré.
Mais peut-être aussi plus faux.
Et parce que, dans le silence des grands symboles,
j’ai préféré le murmure de quelque chose qui ne promettait rien.
Et peut-être que si l’on ne trouve pas de nom plus grand que soi,
alors son propre nom serait la forme la plus sincère que l’on puisse offrir au monde.