LE BONHEUR D'ECRIRE A NOUVEAU

Quel bonheur d’écrire à nouveau. L’écriture a cet avantage sur l’image : elle peut être pratiquée quasiment n’importe où et à n’importe quel moment. Il suffit d’avoir une idée et de quoi écrire. 

En photo ou en vidéo, il ne suffit pas d’avoir une idée et un appareil photo ou une caméra. Il faut encore réussir à réunir tous les éléments pour donner vie à cette idée. Le moment parfait, le sujet parfait, la lumière parfaite. Parfois, le hasard s'accorde à nous l’offrir, et parfois, même quand on s’applique à réunir tous les éléments, le destin se joue de nous en créant des averses diluviennes rendant vaine toute cette organisation. Que de frustration… Dans l’écriture, si on a une idée, on l’écrit, point. Ça rend tout plus simple. 

On peut trouver du matériel pour écrire à peu près partout. Pas besoin de passer des heures sur des sites comparatifs pour définir quel est le matériel exact dont on a besoin et qui rentre dans notre budget. Un crayon et un carnet, c’est léger, ça ne se vole pas. Du matériel photo et vidéo, c’est lourd et ça se vole. On n’est jamais vraiment serein avec ça en voyage. Il faut toujours penser à ce boulet qu’on trimbale avec nous.

Est-ce que je pourrais aller faire des photos au lever du soleil et rester sur cette plage pour piquer une tête ? Non. Il faudra retourner au logement pour remettre le matériel en sécurité, puis revenir profiter de cette plage. Alors si vous avez prévu plusieurs choses dans la journée, autant vous dire qu’il faudra faire un choix entre vivre ces moments ou en faire des images. Du moins, si, comme moi, vous voyagez seul. 

Tandis que pour écrire, il suffit simplement de vivre ces moments et de les écrire en rentrant. Il n’existe pas le stress de ne pas avoir réussi à immortaliser un instant. Tout ce que vous voulez raconter est dans votre tête, et il vous suffit de l’écrire. J’aime cette simplicité.

Bien souvent, toutes ces contraintes liées à la photo et à la vidéo me pèsent, si bien que parfois, j’ai envie de laisser derrière moi tout ce matériel, prendre un simple carnet et un crayon, et m’en aller vivre ces prochaines aventures. 

Et pourtant, les images m’obsèdent. Une image avec LE sujet, LE moment, LA lumière me fait vibrer tout autant qu’un paragraphe qui transmet une émotion. Alors, que faire ? Dois-je vraiment choisir?

Il y a peut-être des histoires qui s’écrivent et d’autres qui se filment. Peut-être que l'inattendu et le spontané appartiennent à l’écriture, tandis que le réfléchi et le construit trouvent leur place dans le film et la photographie.

Autre aspect sur lequel l’écriture a le dessus : elle est plus puissante. On le voit bien. L’écrasante majorité des livres adaptés en film sont moins percutants. Notre imagination avait créé l’adaptation parfaite, celle qui collait avec nos émotions, si bien que le film semble bien fade quand on le découvre. 

J’ai longtemps cru que les films avaient cet avantage sur l’écriture de pouvoir influencer nos émotions avec des musiques et rendre des scènes plus intenses. Bien sûr que ça influence, mais il suffit d’un mauvais jeu d’acteur pour qu’une scène dramatique devienne tout à coup absurde ou comique. 

L’écriture, c’est la liberté. Si vous décidez, tout à coup, de faire apparaître Godzilla au milieu de la Promenade des Anglais, il vous suffit de l’écrire. En image, en revanche, des milliers de questions techniques et budgétaires entrent en jeu immédiatement. 

Ok, très bien. Pourquoi tu nous écris tout ça, Sarah ? Tu veux arrêter la photo et la vidéo pour te consacrer corps et âme à l’écriture ? C’est ça que tu vas nous annoncer ? 

Non, enfin, je ne crois pas. Pas encore, en tout cas. Non. Faut-il forcément que ces textes mènent quelque part ? Ces textes sont libres, eux aussi. Qui dit qu’il doit y avoir une fin ? Une idée est venue, elle a été écrite et elle sera lue.

Et peut-être que c’est tout ce qui compte. Écrire, filmer, photographier… qu’importe le médium, tant qu’il me permet d’exprimer une idée et de la partager. Peut-être que certaines histoires doivent être écrites et d’autres, filmées ou photographiées. Peut-être qu’il n’y a pas de choix définitif à faire, juste des envies à suivre…

D’ailleurs, ce premier article m’a permis de me relancer. Cette semaine, j’ai tourné deux vidéos qui seront en ligne bientôt. Pas tout de suite, pas avant d’en avoir tourné assez pour me convaincre que ce projet peut tenir sur la durée. Car même si je me suis remise en route, les doutes persistent. 

Alors, j’écris. Alors, je filme. Alors, je photographie. Alors, j’avance.