Pourquoi j’ai tant de mal à me lancer ?

15 février 2025 - 22h53 - Nice

Cher Journal, cela fait des mois que je ne t’ai pas écrit. La saison est passée, elle a même déjà recommencé. Et moi je me retrouve là, couchée dans mon lit à ressasser mes idées en boucle, à les structurer et les restructurer, à chercher toujours davantage ce qu’il manque à chacune d’elles pour les rendre parfaites et enfin applicables. 

Et pourtant rien, aucun passage à l’action. Je continue de repousser, trouvant toujours quelque chose à améliorer. Comme si la perfection pouvait exister. Mais il me faut bien avouer ce soir que cette quête cache en réalité un déni. Celui que ce n’est pas l’imperfection de mes idées qui me bloque, mais seulement moi qui m’en suis convaincue.

Finalement, si je prends mon ordi là, tout de suite et que je commence à écrire, alors les phrases se mettent à couler d’elles-mêmes. Suffirait-il de passer à l’action pour engendrer l’action ? 

Mais tout de suite cette question me vient : Et si je poste ce texte et qu’il reste seul, avec aucune continuité ? Alors qu’est-ce que les gens vont penser ? Encore une idée de plus que Sarah a lancée, sans structure, sans programme, qui ne mènera nulle part, comme d’hab ? 

Est-ce qu’on me juge vraiment si sévèrement ? Ne suis-je pas la seule à le faire autant ? 

Et si ce texte, dans son unicité résonnait quand même auprès de plusieurs personnes ou même seulement d’une seule ? Alors, aura-t-il été inutile ? N’a-il pas, pour autant, le droit d’être publié ? 

Qui a dit que l’art devait être structuré, programmé, régulier, constant, stable, en fait ? 

On en revient toujours là… Cette peur d’être jugée instable. Dix années de photographie de mariage n’auront pas suffi à me convaincre du contraire… 

Et si on s’en foutait enfin de ne pas l’être, stable ? 

Enfin, c’est quoi ce délire autour de ce mot ? Qu’est-ce qu’on s’en fout d’être stable, Sarah ! 

Est-ce que la stabilité t’a déjà attirée ? Non ! 

Ce qui t’inquiète, c’est cette putain de connotation qui colle à ce mot. Cette image négative qu’on associe à l’instabilité. Comme si on ne pouvait pas faire confiance à quelqu’un d’instable. Comme si, finalement, quelqu’un d’instable était quelqu’un de fou. 

C’est ça qui te fait peur. C’est ça qui t’angoisse. 

Est-ce que tes rêves ne seraient pas simplement de la folie ? 

Est-ce que lorsque tu vas commencer à passer à l’action, tu ne vas pas te rendre compte que tu avais tout idéalisé et que ce semblant de stabilité que tu as construit jusqu’ici allait s’effondrer, laissant place à une autre réalité ? 

Peut-être la vraie réalité, qui est que tous ces rêves ne sont que pure folie ? 

Ca t'est déjà arrivé. 

Tu as déjà idéalisé des situations. Tu as déjà vécu ces échecs. Avec la photo de mariage, par exemple. Tu avais cru que le jour où tu aurais la vie de Greg, alors tu t'épanouirais enfin dans ce métier qui te faisait tant souffrir. Et puis finalement, le jour où tu as travaillé avec lui, ça t’a sauté aux yeux. 

D’un coup, tu as compris. 

Oui tu as compris que tu avais idéalisé sa vie. Et pourtant, il n’avait rien caché. Tu n’as pas découvert de nouvelles choses. Non. Mais le voir et le vivre, c’était différent. 

En le vivant, tu as compris que tu ne voulais pas de cette vie. 

Que c’était trop loin de toi, trop loin de tes valeurs. 

Et tu l’as vécu comme un échec. Tant d’années perdues à te sacrifier pour atteindre un objectif et réaliser que ce n’était pas le bon. 

Je crois que tu as peur de revivre ça. 

Et pourtant, tu t’en es remise. 

Tu as fini par comprendre que ces années n’avaient pas été vaines. Que tu as appris énormément de choses. Qu’elles t’ont permis d'expérimenter, de faire des erreurs. 

Des erreurs que tu es ravie d’avoir faites dans un projet qui n’était pas le bon. 

Car tu aurais détesté les faire dans ce projet qui t’anime tant. 

Mais je crois que c’est ça… 

Ce projet, il t’anime tellement, il est si aligné avec tes valeurs, tes rêves et qui tu es profondément. 

Tu sens que c’est le projet de ta vie. 


Et c’est ça qui te bloque. 

Ce projet, il est si important que tu n’arrives pas à accepter l’imperfection. 

Tu n’arrives pas à accepter qu’il y aura un début bancal, approximatif, et qu’il y aura une évolution. 

Tu veux qu’il soit directement parfait, alors qu’en fait, il y aura un début. C’est comme ça. Il faut te faire une raison. 

Ca ne ressemblera surement pas à grand chose. On ne comprendra probablement pas très bien où tu veux en venir. 

Tu ne seras probablement pas encore à la hauteur. Tu ne te sentiras pas légitime au départ.

Et c’est normal. 

Mais c’est ça qui est beau. 

C’est ça qui est intéressant. 

Et c’est pour ça que ce projet est passionnant. 

Honnêtement, si tu savais déjà le dénouement, si tu étais déjà capable de faire ce à quoi tu aspires, est-ce que cela serait si excitant ? Est-ce que ça vaudrait le coup de le vivre ? 

C’est comme la vie. 

C’est parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait qu’on se lève chaque jour pour le découvrir. 

Si on connaissait déjà toute l’histoire, alors on voudrait probablement passer à la vie suivante. 

Je dis “on”, mais je ne sais pas pour les autres. 

En revanche, toi, c’est sûr. 

Si on t’enlevait cette part de mystère, alors tu n’y verrais aucun intérêt. 

Où trouverais-tu de l’exploration ? Où trouverais-tu de l'excitation ? Où trouverais-tu ce doute ? Cette peur ? 

Oui ce doute et cette peur, ceux-là mêmes sans lesquels la fierté de l’objectif atteint ne serait pas la même. 

Ceux-là mêmes sans lesquels, il te serait impossible de te sentir vivante. 

Car ce n’est qu’en arrivant à les dépasser que tu arrives à atteindre cette sensation. 

Est-ce que tout d’un coup tu ne te sens pas un peu mieux ? 

Est-ce que cette angoisse n’a pas doucement commencé à laisser place à l'excitation ? 

Oui ça y est, tu commences à vibrer, je le sens. 

Imagine… si un simple texte écrit peut déjà te faire ressentir des sentiments si puissants et essentiels, imagine tout ce que te fera ressentir la suite de cette aventure. 

Et si cette aventure n’avait pas pour but d’être parfaite, mais simplement d’être vécue ? 

Et si tu lâchais un peu prise sur toutes ces injonctions que tu te répètes sans cesse ? 

Si tu te foutais la paix et que tu te lançais ? 

Et si ce texte, tu le publiais ? Simplement. Tel quel. Sans structure, sans réflexion. 

Juste comme il est. 

On s’en fiche si personne ne comprend ce qui s’est passé avant et où tu vas après. 

Est-ce que tu sais, toi même, où tu vas ? 

Non. Tu sais seulement où tu as envie d’aller, là, maintenant, à cet instant T. Mais en vrai, on ne sait pas où ces actions vont te mener. 

Et encore une fois, c’est ça qui est beau. Et c’est ça qui rend cette aventure aussi essentielle. 

Alors, ma Sarah, respire profondément, appuie sur publier et vois ce qui se passe. 

Sans attente, sans recherche de résultat, sans jugement. 

Juste en accueillant l’inconnu et l’inattendu. 

Alors si tu es prête, appuie sur ce bouton et commence cette aventure.